Annie ADIOGO est la fondatrice de Glim Africa, une franchise alimentaire qui base la production de ses produits sur la graine de Niébé, surnommé le haricot magique d’Afrique.

Racontez-nous votre histoire.
J’ai passé toute ma jeunesse à Douala, au Cameroun avant de poursuivre des études supérieures en France. Je suis spécialisée en Ingénierie Agroalimentaire, Innovation et Gestion de Production. J’ai travaillé en France comme manager de production dans des multinationales des épices et du chocolat. À partir de 2016, j’ai commencé à fréquenter les écosystèmes entrepreneurials, ce qui a ravivé le projet que je portais depuis le Cameroun : celui d’industrialiser nos produits locaux.
Les nouveaux modes alimentaires (végan, sans gluten) ont relancé les innovations et m’ont permis de découvrir qu’on pouvait faire certains produits avec d’autres ressources que le blé (ce qui allait à l’encontre des affirmations scientifiques). J’ai été enthousiasmée, j’ai eu plein d’idées et je me suis lancée.
Quelle est la cible de votre entreprise ?
Les cibles sont : les restaurateurs, les hôteliers, les traiteurs, la restauration collective publique et privée. Les épiceries fines et made in Cameroun, supermarchés, ONG.
Quel est le contexte socio-économique autour de votre entreprise ?
Le Cameroun importe 1 million de tonnes de blé par an et environ 700000 tonnes de riz (données Presse “Investir au Cameroun”).
C’est une problématique économique qui fait de l’import-substitution, un enjeu majeur.
La valorisation du niébé permettra de créer des emplois sur toute la chaîne de valeur ; à commencer par les bassins agricoles situés principalement dans le septentrion, zone économiquement sinistrée.
Mon ambition est de porter un projet industriel à la hauteur de la demande potentielle.
Votre entreprise répond-elle à des besoins particuliers ?
En effet, elle répond au besoin de remettre en cohérence l’alimentation et les territoires en adaptant le niébé, une matière première locale, aux modes de consommation urbains.
Elle permet de créer un débouché à une filière agricole à haute valeur nutritionnelle et environnementale. Le niébé a été classé en 2019 parmi les 50 aliments du futur par la WWF.
Elle permet de substituer les produits de blé et le riz, d’apporter plus de variété dans l’alimentation et de renforcer la nutrition des populations avec des pâtes, du couscous, de la bouillie et de la farine de niébé.
Quelles sont les dernières actualités de votre entreprise ?
Nous avons finalisé nos produits et procédés de fabrication. C’était un gros travail de “test and learn” que nous réalisions depuis deux ans avec mon équipe de jeunes ingénieurs au sein de l’atelier pilote. Nous étudions en parallèle, l’acceptation par les consommateurs lors de foires commerciales et de dégustations-ventes dans les supermarchés de Douala.

Nos produits sont disponibles dans 4 épiceries fines africaines en Ile-de-France et chez différents distributeurs à Douala. Nous travaillons également avec des chefs restaurateurs et traiteurs pour faciliter la découverte et l’adoption des produits.
Un grand symbole pour nous c’est le pain 100% farine de niébé réalisé par une boulangerie de Douala.